viernes, 23 de octubre de 2015

Le tigre du Guadarrama, par Vainica Doble



J'ai roulé comme une croquette
par une longue pente, joyeusement,
consciente que mon but 
était d'au bout trouver la mort.

S'accrochèrent les fougères à ma poitrine 
faible obstacle à l'imminent.
Au cas où, à mon passage, avec les dents,
j'arrachais des champignons,
choisissant soigneusement
les plus vénéneuses:
les amanites phalloïdes,
les amanites vireuses.

Plusieurs fois mon front frappa
le dur granit jaspé,
déguisé avec un vert chapeau
de mousse florissante,
apparence innocente
qui cache quartz, mica et feldspath.
J'ai aussi perdu une chaussure.

Puis la tête avant
je suis tombée dans le ruisseau.
Ploc, ploc, ploc.
Joyeux montagnards fédérés
entonnaient les airs du Tirol:
"yodelai, yodelai…"

M'aveuglèrent les lumières
que le soleil jette sur les monts vermeils,
humbles petits poissons à sec,
la cloche du village le plus proche
convoquait les petites vieilles.

Tout le ruisseau serrano
s'introduisit dans ma bouche soudain.
Accroché à une roche
un barbeau m'observait indifférent.

J'ai reçu les visites du milan,
du vautour charognard 
et de son petit frère don alimoche,
rapaces dans leurs goûts très exigeantes.

Elles m'assaisonnèrent en excès: 
thym, sauge et lavande.
Puis en moi se fit la nuit.

Un conducteur du dimanche chantait
tout en lavant sa voiture.

L'étoile du Scorpion 
me faisait des clins d'oeil rougeâtres,
la Polaire me réclamait
pour la région du froid. 

Du feu du coeur
fuyait la faible flamme.
Je ne comprenais pas pourquoi
je dormais dans cette rivière là,
sans chemise ni pyjama.

Le tigre du Guadarrama
silencieux et à pas lent, lent, 
s'approcha de moi 
humant le vent,
il bût l'eau de mon lit,
en repos, doucement,
puis il s'éloigna, 
avec grande prudence,
molles griffes en coton brut.
Je 
ne 
le vis 
pas
mais 
je sentis 
son souffle.

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